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DIANE LANDRY | MATIÉRE DANS LE TEMPS
DIANE LANDRY | MATTER IN TIME
Les disciplines de la science et de la philosophie ont étudié et postulé de manière approfondie sur la matière. Les théories d’Einstein suggèrent que dans le continuum temporel, l’énergie et la matière sont interchangeables.¹ Dans cette exposition, les œuvres créées par l’artiste Diane Landry évoquent une réflexion réactive sur la relation en constante évolution entre la matérialité et les forces énergétiques.
MATIÈRE est composé d’éléments qui subissent une formation et une altération pour produire des réalités qui ne sont pas définitivement ou précisément fixées, et dont les résultats ne sont pas connus à l’avance.² Dans une conversation, l’artiste nous dit qu’elle permet à la curiosité, aux notions, à la spontanéité et à l’espièglerie d’enflammer les idées. Elle observe, pose des questions, propose des possibilités. Ce ne sont pas les attentes, mais plutôt « ce qui arrive, ce qui devient » qui anime le processus créatif. La lumière, le mouvement, le son, la mécanique, l’ingénierie, l’endurance et la performance deviennent les éléments de sa « formation et altération » de choses abandonnées ou tombées en obsolescence.
MATIÈRE est une substance matérielle qui occupe l’espace et le temps, a une masse et est interconvertible avec l’énergie.² Ses œuvres matérielles articulent la relation entre
la matière et les forces énergétiques. Les pièces bougent, le son est émis, la lumière est réfractée. Les fonctions originales se déplacent grâce à l’alchimie de l’invention de l’artiste. Dans ses vidéos de performance, l’artiste implique son propre corps en relation avec le monde matériel pour engager l’observateur dans la dynamique subtile du temps, des forces matérielles et de l’endurance.
MATIÈRE est quelque chose qui est important et qui a une signification.² Dans cette exposition, le défunt est devenu pertinent. Les œuvres sont fascinantes et hypnotisantes à voir. L’émerveillement et la beauté sont rencontrés. Le spectateur est invité à s’installer dans l’œuvre. Écouter. Regarder. Dans une posture d’attente, que va-t-il se révéler? À partir du calme de l’observation, des questions dans lesquelles tout est matière — et tout compte — peuvent être envisagées.
1. En quoi l’énergie et la matière sont-elles identi ques? (Univers Aujourd’hui)
2. Merrian-Webster, dictionnaires Oxford, 2024.
The disciplines of Science and Philosophy have studied and postulated extensively about matter. Einstein’s theories suggest that in the time continuum energy and matter are interchangeable.¹ In this exhibition, the works created by artist Diane Landry evoke a responsive consideration of the ever-evolving relationship between materiality and energetic forces.
MATTER is comprised of elements that undergo formation and alteration to produce realities that are not definitely or precisely fixed, nor have outcomes that are known in advance.² In conversation, the artist tells us that she allows curiosity, notions, spontaneity, and playfulness to ignite ideas. She observes, asks questions, proposes possibilities. It is not expectations, but rather “what arrives, what becomes” that drives the creative process. Light, movement, sound, mechanics, engineering, endurance, and performance become the elements of her “formation and alteration” of things that have been discarded or fallen into obsolescence.
MATTER is a material substance that occupies space and time, has mass, and is interconvertible with energy.² Her material works articulate the relationship between matter and energetic forces. Parts move, sound is emitted, light refracted. Original functions shift through the alchemy of the artist’s invention. In her performance videos, the artist implicates her own body in relationship with the material world to engage the observer in the subtle dynamics of time, material forces, and endurance.
MATTER is something that is important and has significance.² In this exhibition, the defunct has become relevant. The works are fascinating and mesmerizing to behold. Wonder and beauty are encountered. The viewer is invited to settle into the work. To listen. To look. In a posture of waiting, what will be revealed? Out of the stillness of observation, questions in which everything is matter — and everything does matter — can be considered.
1. How are Energy and Matter the Same? (Universe Today)
2. Merriam-Webster, Oxford English Dictionaries, 2024
BIOGRAPHIE D’ARTISTE
ARTIST BIOGRAPHY
Diane Landry vit et travaille à Québec. Elle fait d’abord des études en technique des sciences naturelles et travaille dans un centre de recherche en agriculture pendant 5 ans. À l’âge de 25 ans, elle prend la décision de devenir artiste en assumant son rêve devenu nécessité. Elle retourne aux études et obtient un baccalauréat en arts visuels de l’Université Laval (1987) et une maîtrise en arts plastiques de la Stanford University (2006), en Californie. Elle se croyait peintre, mais par la pratique en atelier et la réalité quotidienne, elle se dirige naturellement vers la production d’œuvres installatives et performatives influencées par le readymade et ses préoccupations pour le recyclage. Bref, elle bricole, elle patente. Elle aime se mettre dans des contextes qui viennent ébranler ses habitudes de création, en réalisant des résidences d’artiste à travers diverses cultures. Ces séjours bousculent ses réflexes de création et l’amènent vers des défis constamment renouvelés. Ses œuvres ont fait l’objet d’une large diffusion au Canada, aux États-Unis, en Amérique latine, dans plusieurs pays d’Europe, en Chine et en Australie. En 2014, elle obtient la bourse de carrière Jean-Paul-Riopelle, offerte par le Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle reçoit l’une des prestigieuses bourses de la John Simon Guggenheim Memorial Foundation à New York en 2015. Elle réalise de nombreuses commandes de projets artistiques et ses œuvres font partie de plusieurs collections. Landry est représentée par Vivianeart Gallery (Calgary) et Carl Solway Gallery (Cincinnati, Ohio).
Diane Landry lives and works in Quebec City. She first studied natural science technology and worked in an agricultural research center for 5 years. At the age of 25, she decided to become an artist, assuming her dream as a necessity. She went back to school and obtained a BFA from Université Laval (1987) and an MFA from Stanford University (2006) in California. She thought she was a painter, but through studio practice and everyday reality, she naturally moved towards the production of installation and performance works influenced by readymade and her preoccupation with recycling. In short, she tinkers, she patents. She likes to put herself in contexts that shake up her creative habits, by doing artist residencies across various cultures. These stays disrupt her creative reflexes and lead her to constantly renewed challenges. Her works have been widely shown in Canada, the United States, Latin America, several European countries, China and Australia. In 2014, she was awarded the Jean-Paul Riopelle career grant, offered by the Conseil des arts et des lettres du Québec. She received one of the prestigious John Simon Guggenheim Memorial Foundation grants in New York, in 2015. She delivered numerous commissions for art projects and her work is included in several collections. Landry is represented by Vivianeart Gallery (Calgary) and Carl Solway Gallery (Cincinnati, Ohio).
VIDÉO
VIDEO
Brouillard
2012
boucle vidéo: 05 min 02 s
réalisée lors d’une résidence d’artiste à La Bande Vidéo, Québec
L’artiste traverse un espace vide en transportant différents fragments d’oeuvres. Elle est complètement absorbée par ces microactions qui, quoique dérisoires, pourraient ressembler à une histoire. Enchainement de passages rythmés, l’intrigue restera absente malgré l’effort.
Fog
2012
performance video
video loop: 5 min 02 sec
produced during a residency at La Bande Vidéo, Quebec City
The artist crosses an empty space carrying various fragments of artworks. She is completely absorbed by these paltry actions that, although trivial, might resemble a story. Despite all efforts, in this sequence of rhythmic movements there is no storyline.
Brise-glace
2013
performance-vidéo
boucle vidéo: 9 min 50 s
réalisée lors d’une résidence d’artiste avec Les Productions Recto-Verso, Mois Multi 14,
Québec
« Dans les années 80, j’ai longtemps pratiqué la descente de rivière en canot à travers le Québec. La richesse et la beauté inestimable de nos rivières demeurent pour moi une merveille mystérieuse d’une grande puissance qui invite le respect. Un jour, mon canot a changé de vocation, il a trouvé une nouvelle mission…
C’est l’espace singulier du centre d’artiste Engramme à Québec qui m’a amené à la création de cette oeuvre performative qui recycle mon canot en objet-accessoire artistique. Engramme est situé à la pointe de Méduse qui est au carrefour de multiples embranchements routiers important de la Capitale. Cet endroit unique m’offrait la possibilité de créer une oeuvre pour un public élargi. Un passant, un automobiliste, un passager d’autobus pouvaient vivre l’expérience de l’oeuvre par « surprise ». On pouvait s’attarder par curiosité ou tout simplement poursuivre sans plus d’obligation. D’agir de cette façon dans l’espace public fut une première pour moi. C’était vraiment très différent que d’installer une sculpture d’art publique puisque j’étais active dans le projet.
L’oeuvre fut présentée pour la première fois lors du Mois Multi à Québec à l’hiver 2013. C’est en circulant autour de l’espace extérieur d’Engramme que nous étions invités à découvrir les différents points de vue de ce projet. Située dans la ville au crépuscule, une étrange rameuse s’activait dans une galerie de verre. Les gestes lents et répétitifs de la performeuse suspendue entre ciel et terre activaient une membrane miroitante, dont les ondulations lumineuses évoquent autant les vagues que les nuages. Dans mon embarcation, je défie la matière au profit de l’illusion. Avec mes rames, j’anime une mer iridescente qui transforme l’immobilité en mouvement. »
– Diane Landry
Icebreaker
2013
performance video
video loop: 9 min 50 sec
produced during an artist residency with Les Productions Recto-Verso, Mois Multi 14, Québec City
“In the 80s, I spent lots of time canoeing down the rivers in Québec. The richness and beauty of our rivers is a beautiful mystery to me; its power reminds us to respect the rivers. One day, my canoe changed vocation, it found a new mission…
It’s at the Espace Singulier of the Engramme Artists Centre in Québec where I created this performative piece, my canoe became an artistic object-accessory. Engramme is situated at the end of Méduse, at the intersections of major road junctions of the Capital. The unique location offered the opportunity for a larger public to access it. It could be a passer-by, a car driver, or someone using public transport; they could all access the piece by ‘surprise’. They could be curious or carry on without obligation. Using public space like that was a first for me. It was a different experience than installing a public art sculpture because I was actively involved in the project.
Winter 2013 was the first time my piece was presented; it was during the Multi Mois Art Festival in Québec City. The outside space of the Engramme is where we could discover the different aspects of the project. At dusk, a strange paddler could be seen in a glass gallery. Movements were slow and repetitive, the performer was suspended between the sky and the ground where a shimmering membrane was reflected and bright ripples mimicked waves and clouds. Sitting in my vessel, I challenged the matter in favour of the illusion. With my paddles, an iridescent sea transformed the immobility into movements.”
– Diane Landry
Le Bouclier perdu
2005
animation morphing, performance-vidéo
photographies numériques assemblées par un programme d’édition vidéo numérique
boucle vidéo: 14 min 20 s
réalisé lors d’une résidence au Laboratoire nouveaux médias d’Oboro, Montréal, et financé par le Conseil des arts du Canada
« En 2005, je réalisais avec l’aide du Laboratoire nouveaux médias d’Oboro, ma première oeuvre avec une représentation humaine qui n’était pas une performance publique. Ce projet vidéo fait à partir de plusieurs photographies de moi-même m’amènera à explorer un nouveau champ artistique pour mes recherches sur les limites disciplinaires. À partir d’images fixes et grâce à un logiciel de morphing, je suis arrivée à créer un effet de mouvement dont le résultat ressemble à l’agitation aquatique, à la progression lente d’un corps se dilatant et se rétractant langoureusement. Action solitaire, narration absente, Le bouclier perdu évoque la solitude, le silence, l’incompréhension. Souvent perçue comme un « tableau mobile », cette oeuvre a été présentée en boucle dans différents espaces d’exposition et également lors de festivals vidéo. »
– Diane Landry
The Lost Shield
2005
morphing, performance video
digital photographs assembled with a digital video-editing program
video loop: 14 min 20 sec
produced during a residency at Oboro’s New Media Lab, Montréal, and supported by the Canada Council for the Arts
“In 2005, with the help of Oboro’s New Media Lab, I created my first work involving the depiction of a human subject which was not a public performance. This video project, made out of several photographs of myself, led me to explore a new artistic field in my testing of disciplinary boundaries. Using still images and morphing software, I succeeded in creating an effect of movement resembling aquatic agitation, the slow progress of a body languorously expanding and contracting. A solitary action without narrative, The Lost Shield evokes solitude, silence and incomprehension. Often seen as a ‘moving painting’, this work has been shown in a loop in various exhibition spaces and video festivals.”
– Diane Landry
Un silence radio
2008
animation image par image sans son, performance-vidéo
photographies numériques assemblées par un programme d’édition vidéo numérique
boucle vidéo: 7 min 47 s
réalisé lors d’une résidence d’artiste au Studio du Québec à New York et financé par le Conseil des arts et des lettres du Québec
« Cette idée de compression spatiotemporelle atteint une incroyable intensité dans Un silence radio, réalisée en 2008. Diane Landry repousse les limites de ce qu’elle peut infliger à son corps au cours de l’acte performatif qui a mené à la réalisation de cette œuvre. Lors d’une résidence à New York, Landry s’est photographiée toutes les minutes pendant deux périodes de 24 heures, en tentant de reprendre chaque fois la même position. Deux montages vidéo ont été réalisés à partir des documents photographiques qui, mis les uns à la suite des autres, compriment deux journées entières en quelque six minutes. Cette compression spatiotemporelle réalisée par le montage vidéo est perceptible à travers le changement accéléré de l’intensité de la lumière du soleil, jusqu’à sa disparition, ainsi que « l’immobilité saccadée » de Landry, qui trahit les déplacements accompagnant ses actions. Il s’agit ici d’un travail sur les limites imposées au corps – souvent à l’oeuvre dans la pratique de la performance – et sur l’appropriation de l’espace, sur le mouvement et l’immobilité, mais aussi sur la réalité et le document. Landry bouleverse en effet le statut documentaire que revêtent habituellement les photographies de performances. Non seulement le document constitue-t-il ici le témoin d’actions exécutées en privé, mais il devient aussi littéralement le matériau constitutif de l’oeuvre. Historiquement, le caractère éphémère de la performance fait en sorte que, une fois exécutée, l’oeuvre ne sera connue du public par la suite que par procuration. Tel est le cas, par exemple, des célèbres actions de Joseph Beuys ou des performances de Gina Pane. Avec le recul, nous sommes à même de constater que ce croisement entre l’acte performatif et l’œuvre telle qu’elle se présente dans son contexte physique était déjà présent dès le début dans la pratique de Landry, avant même qu’il ne se retrouve au centre de ses préoccupations. Le statut d’artefact des éléments collectés qui composent Environ 8000 kilomètres, Utica Project ou Stratégie parallèle relève tout autant, bien que différemment, de cette compression du temps et de l’espace qui est à l’oeuvre dans les pièces plus récentes de l’artiste. »
– Eve-Lyne beaudry, Les défibrillateurs (extrait), Musée d’art de Joliette (2009)
A Radio Silence
2008
stop-motion animation, performance video
digital photographs assembled with a digital video-editing program
video loop: 7 min 47 sec
produced during an artist residency at the Québec Studio in New York with support from the Conseil des Arts et des Lettres du Québec
“This idea of spatiotemporal compression achieves an unbelievable intensity in A Radio Silence, executed in 2008. Landry pushed the limits of what she could inflict on her body in the course of the performative act that led to the making of this work. While staying in New York, she photographed herself once a minute during two 24-hour periods, trying to adopt the same position each time. She then made two video montages of the photos which, put in chronological order, condensed two whole days into about six minutes. The spatiotemporal compression thus achieved is apparent in the speeded-up changes in the brightness of the daylight until the sun goes down, and in the ‘jerky immobility’ of the artist, which reveals that she has moved from place to place during the performance. This work is about the limits imposed on the body—an issue often confronted in performance art—and the appropriation of space, about movement and immobility, but also about reality and the documentation of it. Landry drastically changes the documentary function customarily performed by films of performances. The document here not only bears witness to acts carried out in private but it also and literally becomes the actual material of the work. Historically the ephemeral nature of performance art meant that once the performance was over, the work could only be seen thereafter by proxy. This is the case, for example, with the famous actions of Joseph Beuys or the performances of Gina Pane. With hindsight, we can see that this intersection between the performative act and the work as it is presented in its physical context was already present from the beginning in Landry’s practice. The artifact status of the collected elements that make up About 8000 Kilometers, Utica Project or Parallel Strategy is just as much, although in different ways, part of the compression of time and space that is at work in the artist’s more recent pieces.”
– Eve-Lyne Beaudry, The Defibrillators (excerpt), Musée d’art de Joliette (2009)
La route parachute
2015
performance-vidéo
boucle vidéo: 10 min 07 s
réalisée lors d’une résidence-exposition à La Bande Vidéo, Québec
caméra: Ricardo Savard
bande sonore: Jocelyn Robert (extrait adapté de la bande-son La ville, la nuit)
C’est en écoutant le récent travail sonore de Jocelyn Robert que le nouveau projet de Diane Landry a pris naissance. Après plusieurs écoutes, une histoire-image s’est formée dans l’esprit de l’artiste qui l’a conduite à la création de La route parachute. C’est la première fois que l’artiste utilise une oeuvre audio comme base temporelle et fils conducteur pour la création d’une oeuvre vidéographique.
Cette proposition vidéo de Diane Landry constitue un amalgame de performances privées et d’animations de sculptures-maquettes où l’artiste évolue à travers des actions multiples. La rencontre des différents lieux et tableaux génère alors un parcours, voire une “presque” narration au rythme répétitif. Si bien que nous sommes rapidement entraînés dans un univers absurde, une suite illogique, un chemin qui n’ira nulle part…
Parachute Road
2015
performance video
video loop: 10 min 07 sec
produced during a residency exhibition at La Bande Vidéo, Québec city
camera: Ricardo Savard
soundtrack: Jocelyn Robert (excerpt from the soundtrack La ville, la nuit)
It was while listening to Jocelyn Robert’s recent sound work that Diane Landry’s new project was born. After several listenings, an image-story was formed in the mind of the artist, which led to the creation of The Parachute Road. This is the first time that the artist has used an audio work as a temporal basis and a common thread for the creation of video work.
This video proposal by Diane Landry constitutes an amalgamation of private performances and animations of sculpture-models in which the artist evolves through multiple actions. The meeting of different places and paintings then generates an “almost” narration with a repetitive rhythm. So we are quickly drawn into an absurd universe, an illogical road, a path that is not going anywhere…
INSTALLATION
Marée II
2024
sculpture murale avec automation
objet: 170 cm x 170cm x 50 cm
roue de vélo, plastique, aluminium, moteur avec engrenage, éclairage DEL
« Marcel Duchamp avait compris le pouvoir hypnotisant de la roue. Jusqu’à aujourd’hui, son œuvre, ironique et magistrale, continue d’exercer sa fascination. Dans ses installations récentes, Diane Landry exploite à sa manière cet objet circulaire, affublé de sacs ou de bouteilles de plastique, lumières et mécanismes. Ses œuvres instaurent ainsi un envoûtement et conduisent le spectateur vers un autre imaginaire. »
– Anne Pilorget, Vie des arts n° 236 – L’hypnotisme de l’art, Montréal (2014)
Tide II
2024
wall sculpture with automation
object: 170 cm x 170 cm x 50 cm
bicycle wheel, plastic, aluminum, motor and gearbox, LED lighting
“Marcel Duchamp knew the hypnotic power of the wheel. To this day, his ironic masterpiece continues to fascinate. In her most recent installations, Diane Landry uses this circular object in her own way, rigged with plastic bags and plastic bottles, lights and mechanical objects. These pieces bring an enchantment that leads spectators to another world.”
– Anne Pilorget, Vie des arts n° 236 – L’hypnotisme de l’art, Montréal (2014)
2012 – 2024
installation avec automatisation
objets choisis, acier inoxydable, aluminium, moteur
objet: 4,6 m (diamètre) x 2,7 m (haut)
commande d’oeuvre du Musée de l’Amérique française et de La Manif d’art, Québec
« La pratique de Diane Landry en est une de l’in situ. Avec Épuisement, l’artiste transforme radicalement la salle d’exposition et joue avec les différents volumes. Elle guide le visiteur et l’inscrit dans un mouvement d’exploration, de perception et de découverte, à la fois de l’espace et de son oeuvre. Car Épuisement se dévoile progressivement, étape par étape; l’oeuvre est son, ombre, image, reflet, sculpture cinétique, théâtre d’ombres, environnement. Épuisement s’interprète comme étrange machine à rêver l’espace, le temps, la lumière et au coeur de laquelle mille récits surgissent.Derrière ce qui semble tenir lieu d’écrin, mais qui pourrait tout aussi bien être interprété comme une chambre, une caverne ou un puits, l’artiste suspend une structure constituée d’un savant amalgame d’objets de plastique transparent. On reconnaît l’ingéniosité de l’artiste à transcender un objet usuel en élément sculptural, utilisé en grande quantité et détourné de sa fonction utilitaire première. Depuis le début de ses recherches sur le mouvement, Diane Landry réfère à des machines élémentaires tels la roue, la vis, la poulie, le levier, le plan incliné. Pour Épuisement, elle privilégie la poulie avec laquelle elle a peu travaillé jusqu’à maintenant.L’oeuvre est complexe; elle s’ouvre sur différents espaces et peut être observée selon autant de points de vue. La sculpture dans son écrin s’impose ici paradoxalement comme une forme aérienne, en flottement, telle une méduse. Oscillant entre l’évocation d’un milieu aérien et d’un milieu aquatique, Épuisement est une oeuvre paradoxale peut-être autant que la motoneige à hélice. Mais quel épuisement le titre de l’oeuvre de Diane Landry évoque-t-il? »
– Nicole Gingras, Manif d’art 6, Machines – Les formes du mouvement, Québec (2012)
Exhaustion
2012 – 2024
motorized installation
chosen objects, stainless steel, aluminum, motor
object: 4.6 m (diameter) x 2.7 m (height)
work commissioned by the Musée de l’Amérique française and La Manif d’art, Québec City
“Diane Landry’s practice is site-specific. With Exhaustion, she undertakes a radical transformation of the exhibition hall and plays on its various spatial volumes. Visitors are guided and incorporated into movements of exploration, perception, and discovery of both space and the work. Exhaustion reveals itself progressively, step by step. It is a work in sound, shadow, image, reflection, kinetic sculpture, shadow theatre, and environment. Exhaustion is a strange machine for dreaming space, time, and light, from which a thousand stories bubble up. Behind what seems to function as a container, but which could just as well be understood as a chamber, cave, or pit, the artist has suspended a structure made up of an elaborate combination of transparent plastic objects. The artist’s inventiveness is seen in the transfiguration of these everyday objects into sculptural elements deployed en masse and led astray from their original utilitarian vocations. Since beginning her investigations of movement, Diane Landry has often called on elementary machines—wheel, screw, pulley, lever, and inclined plane. In Exhaustion, she foregrounds the pulley, which she has not much featured in previous productions. The work is complex: opening onto various spaces, it can also be looked at from several points of view. The sculpture in its container stands out paradoxically as a flying shape, floating, like a jellyfish. Exhaustion conjures up around it something that hesitates between an aerial and aquatic habitat. Perhaps it is as paradoxical a work as the propeller-driven snowmobile. What kind of exhaustion is Diane Landry evoking with her title?”
– Nicole Gingras, Manif d’art 6, Machines – The Shapes of Movement, Quebec City (2012)
Mandala Perrier dans la série Le déclin bleu
Mandala Naya dans la série Le déclin bleu
2002
installation avec automatisation
moteurs, objets choisis, aluminium, bois, éclairage halogène, trépied
chaque objet au mur: 100 x 100 x 50 cm
projection au mur (variable): environ 350 x 500 cm
réalisée lors d’une résidence d’artiste à Cypres, Marseille, échange avec La Chambre
Blanche, Québec
« Trois manivelles à coulisse, trois petites lumières, un peu de plastique. C’est tout ce dont a eu besoin l’artiste pour déployer sur le mur des méduses de toute beauté. Sur des corbeilles de plastique à peine modifiées, elle a fixé des bouteilles de plastique, en couronne. La petite ampoule, sur la glissière, avance et recule doucement devant ce bricolage, pour donner des effets dont on mesure mal, encore, les effets. Des ombres portées sur le mur se déploient et se contractent. Dans la pénombre, des vortex semblent vouloir nous engloutir. À moins que ce ne soient des rosaces ou des méduses dont la membrane se transforme en corolle au dessin envoûtant. Des méduses dans leur plus simple appareil. Ces machines sont d’une sobriété à peine croyable. Au bout du compte, ces dessins en mouvements, sur le mur, modifient l’échelle de l’espace de la galerie, rompent la rigidité des murs, bref, habillent la salle d’une aura toute particulière. Une des réussites de la chose, c’est que ces machines ne lassent pas. Elles résistent à livrer tous leurs secrets et demandent à ce qu’on s’arrête quelque peu si l’on veut goûter toutes les dimensions d’un geste aussi modeste. »
– Bernard Lamarche, « titre » (extrait), Le Devoir, Montréal (2003)
Mandala Perrier in the Blue Decline series
Mandala Naya in the Blue Decline series
2002
motorized installation
motors, selected objects, aluminum, wood, halogen lighting, tripod
each object on the wall: 100 x 100 x 50 cm
each wall projection: about 350 X 500 cm
created during an artist residency at Cypres, Marseille, in exchange with La Chambre Blanche, Québec City
“Three slider cranks, three small lights, a small amount of plastic. These are the only things the artist needed to display beautiful jellyfish on the wall. On slightly modified plastic baskets, she has fixed plastic bottles in a crown shape. A small light bulb on a sliding mechanism goes up and down in front of this craft, which gives an unproportionate effect that is hard to comprehend. Shadows cast on the wall expand and contract. In the darkness, vortexes seem to want to swallow us. Or they are rosettes or jellyfish membranes that transform into an enchanting design. The jellyfish devices are simple. These devices are unbelievably modest. In the end, these moving drawings that appear on the wall modify the gallery space by dressing the room with a particular aura. These devices don’t get tired, which is a success in itself. The devices don’t reveal all of their secrets, they are inviting us to stop for a little if we want to have a taste of all the dimensions.”
– Bernard Lamarche, “Titre” (excerpt), Le Devoir, Montréal (2003)
La Tempête silencieuse
2024
objet: 153 cm x 37 cm x 59 cm
projection: variable
impression noir et blanc sur film clair, éclairage DEL.
Un vaisseau flotte dans les airs près du mur et du plafond. La coquille évoque étrangement un nuage matérialisé dans l’espace qui, au lieu d’une pluie, offre une projection de silhouette immobile. De cette manifestation intangible émerge un paysage étranglé formant un réservoir entonnoir.
The Silent Storm
2024
object: 153 cm x 37 cm x 59 cm
projection: variable
black and white on clear film print, LED lighting.
A vessel floats in the air, close to the wall and the ceiling. The casing strangely evokes a cloud within the space. Instead of the rain, it offers the projection of an immobile figure. In this intangible manifestation, a strangled landscape surfaces, shaped like a funnel.
Le Bouclier magique
2005
installation sonore avec automatisation
1 structure de lit-futon, moteurs, objets choisis, aluminium, bois, éclairage halogène,
contrôleur MIDI, ordinateur
objet: environ 150 x 293 x 358 cm (l’ensemble)
commande d’oeuvre d’Oboro, financée par le Conseil des arts du Canada
réalisé lors d’une résidence au Laboratoire nouveaux médias d’Oboro, Montréal, et à
Avatar, association de création et diffusion sonores et électroniques, Québec
Le projet se compose de trois structures de lits-futons dont chacun est recouvert d’une couverture blanche. Chaque couverture est faite d’une immense feuille de papier froissée, déposée directement sur la structure des différents lits. Les papiers remuent délicatement comme si chaque pellicule voulait fuir son rôle protecteur. Ces robes minces servent d’écran à tout un attirail de mécanique attaché à la structure même des lits. Un premier lit-futon loge sous sa cage thoracique quelque 200 clés privées d’usage. Cette prairie de clés s’agite par moments pour se métamorphoser en carillon. On retrouve dans les entrailles du second 14 livres encyclopédiques. Ceux-ci sont entraînés par des mécaniques simples et créent l’illusion que deux corps se tordent sous le poids du papier. Un troisième héberge un gros moteur activant une came qui fait mouvoir la structure globale du lit-futon qui alterne entre l’apparence d’un lit et celle d’un sofa. Sous cette acrobatie, on peut voir un réseau de cordes tendues et détendues comme des ligaments rythmant les ailes du lit. Cette mutation des couvre-lits, qui s’élèvent et s’abaissent, entraîne les différentes carapaces de papier dans un étrange effet d’apesanteur. Les trois lits-futons semblent passer momentanément du repos à l’éveil, de l’objet à l’événement, de la vie à la mort. Comme le suggère Gaby Wood dans livre Edison’s Eve, en créant le mouvement, nous évoquons à la fois le concept d’éternité et celui de la fragilité humaine. « Chaque fois qu’un inventeur essaie de simuler la vie mécaniquement, il y découvre en fait sa propre fragilité mortelle. Il tient sa création dans ses mains et il trouve la mort là où il s’attendait à de la vie; plus il s’approche de son but et plus il semble impossible de l’attendre. » (notre traduction)
The Magic Shield
2005
sound installation with automation
1 futon-bed frame, motors, selected objects, aluminum, wood, halogen lighting, MIDI controller, computer
object: about 150 x 293 x 358 cm (overall)
work commissioned by Oboro and supported by the Canada Council for the Arts
created during a residency at Oboro’s New Media Lab, Montréal and at Avatar, Québec City
This project is composed of three futon-bed frames, each draped with a white covering. The covering is a huge crumpled sheet of paper, which lies directly on the structures of the beds. The sheets move about delicately as if each one wished to flee its protective role. Indeed, despite their flimsiness, they serve as protective screens for all kinds of mechanical paraphernalia attached to the very structure of the beds. Under the rib cage of the first futon-bed are some 200 discarded personal keys. This prairie of keys will sometimes stir and metamorphose into a set of chimes. In the innards of the second one are fourteen encyclopedia volumes. These books are moved around by a simple mechanism and create the illusion that two bodies are tossing and turning under the weight of the paper. With the third futon-bed, a large motor drives a cam that makes the whole structure alternate its appearance — from bed to sofa and back again. Underneath this to and fro is a network of ligament-like strings, some taut and some loose, moving in tandem with the moving wings of the bed. The rising and falling give the paper bedcovers an eerie look of weightlessness. The three futon-beds seem to go momentarily from restfulness to wakefulness, from object to event, and from life to death. As Gaby Wood suggests in Edison’s Eve, in creating motion, we also evoke the concept of eternity and the consequential precariousness of humans. “Every time an inventor tries to simulate life mechanically, he is in fact accentuating his own mortality. He holds his creation in his hands, and finds, where he expected life, only the lifeless; the closer he comes to attaining his goal, the more impossible it reveals itself to be.”
EXTRAITS DE L’ÉVÉNEMENT D’OUVERTURE
EXCERPTS FROM THE OPENING EVENT
June 15, 2024